72 heures

Mon dressage n’est pas de tout repos et s’est retrouvé heurté par des aléas de la Vie, une succession d’évènements plus ou moins soudains qui affectent à un moment ou un autre toute vie humaine. Aux grands maux les grands remèdes – Maître m’a dressée intensément durant trois jours. Trois jours où je n’ai eu qu’à penser à ma servitude, dépourvue d’angoisses et de toutes autres contraintes à part celles qu’Il m’a imposées.

La veille, N/nous avions installé un coin dans l’appartement qui me serait dédié. Maître est allé acheter des chaînes et le soir a cloué un anneau à la table basse de N/notre salon (anneau que j’ai peint pour qu’il soit assorti au collier que Maître me vissera cet automne si j’en suis digne).

Ces soixante-douze heures avaient pour but de me recentrer sur l’essentiel : ma servitude. Les règles et rituels habituels s’appliquaient et étaient maintenus, mais venaient s’en ajouter d’autres : j’allais être enchaînée la majeure partie du temps à la table basse devant la fenêtre, lieu devenu mon coin, me rendant profondément dépendante de Lui. Je n’avais pas non plus droit aux écrans au-delà de quelques minutes par jour et Il décidait quand j’y avais accès. Pendant ces trois jours, j’ai infiniment mieux dormi.

Le premier matin, décentrée, j’ai eu du mal à trouver ma place. Je demeurais happée par tout ce qu’il y aurait à faire après ces trois jours. Il m’a lavée et s’est lavé pendant que je L’attendais sur le tapis de bain. J’étais à ma place, mais j’étais encore trop absente. Après avoir petit-déjeuner et enfilé ma tunique, Il allait pour me battre. Mais Maître s’est ravisé car Il le savait, je n’étais pas là. Même si j’avais beau essayer, ça résistait à l’intérieur. Résistance aussi vaine que futile. Toute la matinée, j’ai été enchaînée à Ses pieds et N/nous avons discuté : comment voyons-N/nous la vie ensemble ? Où souhaitons-N/nous vivre ? Comment surmonter ce qui me préoccupe tant et m’empêche de me recentrer sur ma servitude ?

Maître m’a entretenue sur ce qu’Il avait décidé concernant N/nos choix de vie et m’a entre autres soulagée de mes contraintes universitaires. Il me veut à Ses pieds et a constaté que mes études supérieures étaient un frein à une servitude à demeure aboutie, venant constamment parasiter ma nature d’esclave. Ma réaction a été des plus immédiates, j’ai pleuré et je L’ai remercié. Les discussions de ce matin-là, je ne les oublierai jamais. Merci Maître de me permettre de vivre à Vos pieds de la manière qu’il Vous plait.

J’ai été battue avant et après le déjeuner au martinet et à la ceinture, m’ayant arraché – encore – quelques larmes. J’ai passé l’après-midi aux pieds de Son fauteuil. Il lisait, je me récitais. J’ai fini par m’endormir à Ses pieds, chose qui n’était pas arrivée depuis longtemps, j’étais sereine et pleinement présente. Ce soir-là, j’ai inauguré mon nouveau carnet d’esclave.

« […] j’ai plus appris sur moi en une journée qu’en quatre années de faculté. »

Le deuxième matin, je me suis réveillée et savais où était ma place. Il est dans ma nature de l’occuper comme Il le désire. La nuit, je dors avec Maître et quitte mon coin car c’est Son désir. Lorsque je suis allée chercher des vêtements car N/nous sortions manger, j’ai croisé du regard la valisette remplie des livres empruntés à l’université : Fresques italiennes de la Renaissance de 1470 à 1510, Décors italiens de la Renaissance, Nudité sacrée, Figurer la création du monde et les autres.

N/nous avons mangé asiatique et c’était très plaisant. J’ai verbalisé la sérénité retrouvée la veille. Ça y est, je me sentais dans le présent et pleinement là. Lorsque N/nous sommes rentrés, je me suis dit que demain soir ça serait fini et j’ai eu de la peine. Mais non, mon dressage durera toute ma vie, il n’a pas de fin et je l’intégrais profondément.

Dans l’après-midi, Dame Nature s’est invitée parmi N/nous et je souffrais de maux dans le bas-ventre, invitée qui n’a pas empêché Maître de me battre durement sur le rebord de la cheminée. À certains moments, je me disais que c’était le coup de trop. J’avais les mains moites et des douleurs atroces. Pourtant, si j’ai eu mes menstruations – alors que je ne les avais pas eu depuis plusieurs semaines – c’est parce qu’enfin, j’étais apaisée. J’étais là. Maître s’est totalement accommodé de ce détail qui ne changerait rien à ce qu’Il avait prévu de faire, c’était même bon signe qu’elles soient revenues. Il m’a quand même permis une sieste dans un vrai lit avec une bouillotte pour que je ne sois pas inutilisable le soir.

Ce n’est pas un secret, j’ai été violentée plusieurs fois par jour pendant ces soixante-douze heures à coups de martinets, de ceinture et de gifles sans y prendre le moindre plaisir. Néanmoins, Maître n’aime pas que me battre. Il aime me voir Le servir d’un tas d’autres manières, ma servitude ne s’arrête pas et ne se résume pas à Maître qui me bat.

J’ai aussi été beaucoup plus utilisée sexuellement que d’habitude. Maître sait que je suis asexuelle et que ça peut s’avérer difficile pour moi lorsque je n’ai pas envie. Ces derniers mois dans mon dressage, j’ai dû intégrer que je ne peux plus me cacher derrière cette excuse, je n’ai pas la place de quelqu’un qui peut imposer un refus ou des limites. Je n’ai plus cette liberté, j’ai accepté de la perdre à terme il y a a quelques années et j’en suis pleine de reconnaissance. Il est dans ma nature de servir Maître sur tous les plans, peu importe que j’y ressente du plaisir ou un dégoût profond.

Le dernier matin, j’ai ciré Ses chaussures, comme tous les dimanches. Je ne donnerai pas tous les détails, ni de N/nos rituels, ni de ces trois jours intensifs car ils N/nous appartiennent et Maître estime que j’en ai suffisamment dit pour ce premier article. Le dernier soir, N/nous avons fait le bilan : N/nous étions heureux. Ces trois jours furent épuisants et m’ont profondément reconnectée à ma servitude. N/nous ne tirons de ces trois jours que du positif et une affirmation que N/nous avions déjà trouvé la manière de vivre que N/nous cherchions.

« Il y a une sensation d’avoir mis N/nos affaires en ordre avant de célébrer N/notre lien [cet automne] », c’est ce que j’ai écrit dans mon carnet d’esclave ce premier août 2021. J’ai passé trois jours sans les contraintes du Monde à servir Maître – pleinement à ma place – et j’en suis la plus heureuse. N/nous sommes mercredi et l’appartement regorge de souvenirs de ces trois jours.

Les doutes – qui restaient – se sont évanouis. Merci Maître de me permettre une vie de servitude à Vos pieds.

Publié par

esclave calliopée

Propriété appartenant au Maître Bap pour l'éternité.

2 réflexions au sujet de “72 heures”

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