Lorsque N/nous N/nous sommes rencontrés avec Maître, je venais d’avoir dix-neuf ans et entreprenais des études universitaires. Maître n’a pas mon âge, mais Il avait fait le choix lors de mon installation chez Lui de ré-entreprendre des études supérieures en Histoire.
Aujourd’hui, j’en ai vingt-trois et n’ai plus la liberté de faire des études, ni de travailler (mais ce second sujet sera traité dans un autre article). Il est dans ma nature que ma seule ambition soit de servir Maître tout le temps qu’Il désirera ma présence à Ses pieds. Si cela implique d’être hautement diplômée, je le serai. Si cela implique de travailler à l’usine seize heures par jour, je le ferai.
Je sers Maître, comme Il l’entend.
Maître a décrété les derniers jours de juillet dernier que je ne poursuivrai pas mes études universitaires. À cet instant-là, j’étais en période de recherche et rédigeais un mémoire portant sur La figuration d’Adam et Eve en Italie centrale à la Renaissance. J’étais passionnée par mon sujet et mes études. Il est vrai que si j’avais été libre, je n’aurais sûrement pas arrêté. Mais cela, O/on ne le saura jamais car ma vie est aux pieds de Maître.
Lorsque j’ai accepté de vivre chez Maître, j’étais bien avertie qu’Il aurait à terme tous les pouvoirs sur moi. Le mot « accepter » en début de phrase peut faire sourire, mais il témoigne d’une réalité dont je ne peux, ni ne veux me dérober : ce jour-là, j’ai choisi. Et quelle heureuse décision j’ai prise, que d’accepter ce que cet emménagement impliquerait.
Maître m’a soulagée de mes contraintes universitaires quelques semaines avant de me reconnaître en tant que Son esclave accomplie et de visser Son collier autour de mon cou pour toujours. Que Maître ait des raisons de cet arrêt a toujours été à mon sens un point négligeable… C’est une évidence qu’Il dispose de moi comme Il l’entend. Je suis Son esclave, de quel droit irais-je exiger de Lui un motif ? C’est souvent une préoccupation des personnes libres.
« Ma réaction a été des plus immédiates, j’ai pleuré et je L’ai remercié. », ai-je écrit dans l’article des 72 heures. Quand Maître ordonne, j’obéis et je Le remercie. Et ce, même si c’est un ordre qui me rebute, me mortifie ou me meurtrie. Qu’importe, car je vis dans l’Honneur de Le servir. La voilà, ma condition.
Lui obéir, rester humble et digne de Lui.
Pourtant une explication, il y en avait une. Maître ne conçoit simplement pas que Son esclave travaille ou fasse des études supérieures. Ce genre d’activités viennent parasiter la nature asservie, Il est mon Monde et je n’ai pas à me dédier à autre chose que de Le servir. Si un jour, Ses souhaits changent – qu’ils soient expliqués ou non – comme toujours et pour tout, j’obéirai…
Qu’irais-je faire sur les bancs de la faculté si ce n’est pas le lieu où Il me veut ? Si ce n’est vivre allègrement dans l’égoïsme et le déshonneur de ne pas combler le Propriétaire ? Est-ce donc cela, vivre une servitude non-fragmentaire ? J’ai rangé les livres empruntés à la bibliothèque pour mes recherches dans une valisette.
Hier
N/nous N/nous sommes rendus à la faculté pour aller récupérer le diplôme de Maître. Parfois, Il portait la valisette. C’est que les manuels généraux d’Histoire de l’Art de Daniel Arasse sont lourds. Je ne suis pas rentrée dans le bâtiment de l’Administration et de la Présidence. J’ai attendu Maître, dehors.
Il y avait un banc en pierre, comme lorsque j’ai présenté mes vœux. C’est drôle, tous les bancs en pierre me rappellent mes vœux. J’espère que toute ma vie, les bancs en pierre m’inspireront un sentiment aussi tendre. J’ai pleuré en attendant Maître. Il n’y avait que moi et la valisette sur ce banc.
J’ai eu une pensée pour tous ces mails laissés sans réponse en provenance de ma directrice de mémoire. J’en recevais, encore en novembre, où elle me disait que je pouvais, si j’en ressentais l’envie – ou quand je serai prête – de l’appeler. Elle a aussi longtemps demandé ce que je devenais. Je lui aurais bien répondu, mais je doute que la réponse « esclave accomplie du Maître » l’aide à dormir – alors je l’ai laissée sans réponse. Puis un matin, n’étant plus considérée comme étudiante-chercheuse, je n’avais plus de messagerie étudiante.
Quand Maître est sorti, N/nous avons – avec plus de six mois de retard – rendu les livres que j’avais empruntés. Je suis sûrement interdite de prêt désormais. Maître m’a fait photographier chaque livre que je n’avais pas pu lire et a juré d’un jour les acheter – sans doute pour me consoler de ma perte. Je Lui ai demandé si je pouvais faire ce que je voulais de la valisette.
Il a répondu non pour la brûler.
Sur le chemin du retour, Maître m’a montré Son diplôme – qui manquait à son cadre vide à la maison. Je me suis souvenue qu’en septembre dernier, j’avais passé douze jours enfermée à rédiger Son mémoire. Une partie de moi a ressenti une profonde gratitude qu’Il ait usé dans Son bon droit (comme toujours) de mes capacités littéraires.
La valisette porte désormais la fonction d’accueillir mon matériel destiné à l’art de la broderie et le diplôme orne le rebord de la cheminée, l’endroit de prédilection de Maître pour mon entretien et lorsqu’Il me bat.
Il y a un Master II qui orne le rebord de Sa cheminée et il ne portera jamais mon nom – il me rappelle toute l’humilité de ma place et me conforte dans celle-ci. Ce soir lors de mon entretien, Maître m’a donné des coups de canne en nerf de bœuf avec Son diplôme en angle de vue et j’en porterai les hématomes…
Servir Maître pleinement est la plus belle et la seule grande ambition de ma vie.