Feuilles de calcul

Rarement, il m’arrive de sourire en pensant à mes études universitaire ou à mon ancien travail étudiant car j’imaginais très naïvement que l’organisation (ou le service d’ordre général) se trouverait grandement facilité par ma disponibilité permanente – je suis simplement devenue plus corvéable pour Son plus grand bonheur et je suis heureuse que Ses décisions L’aient mené à un meilleur confort de vie.

Maître a toujours privilégié l’usage du papier pour N/nos systèmes d’organisation quels qu’ils soient (je Lui ai été livrée avec cette préférence et Il l’a conservée), peu de choses sont digitales dans les outils que N/nous utilisons en dehors de sauvegardes et duplicatas. À ce jour (date de publication de l’article, car je doute qu’il bénéficie d’une mise à jour) N/nous possédons trois outils principaux : les fichiers vie maritale récapitulant la vie à Son service (règles, routines et procédures), le journal de bord et les feuilles de calcul.

Ces dernières sont des formats A6 (10,5 par 14,8 centimètres) dans un petit carnet sans prétention qui appartenait à ma mère et qui me suivait depuis que j’avais quitté le nid. Il était toujours dans mon sac et non utilisé, je pensais je l’utiliserai lorsque je travaillerai (et ce fut le cas, finalement, car être à Son service est factuellement beaucoup de travail).

Dans sa couverture traînent ma carte d’identité ; mon ancienne carte bancaire, vestige d’une autre époque (je n’ai plus de carte bancaire) ; une clé d’urgence de Sa parure et… Une recette de purée à la carotte à l’écriture de ma grand-mère au bic rouge ?

Bien que ce carnet accueille des pages permanentes, telles que des recettes (je construis un menu mais ce projet est en suspend avec les plans actuels), des détails que je juge utiles dans le service, des versets, il trouve sa véritable utilisation dans ses feuilles pointillées temporaires.

Elles bénéficient d’une présentation minimaliste minutieusement pensée et sont ordonnées par catégories (toilette quotidienne, instruction, corvées ménagères, préparations et soins divers, choses du matin et choses du soir… Tout ce dont Maître souhaite un suivi écrit) et par fréquences (journalières, hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles et annuelles, voire par horaires pour certaines). Si une tâche particulière est ordonnée et qu’elle n’aura pas de récurrence (ou simplement que Maître n’en souhaite pas le suivi), le journal de bord deviendra pour cette tâche spécifique l’outil idéal.

Afin de passer d’une tâche à l’autre en présence de Maître, une procédure (de demande ou d’attente d’être assignée à la tâche) a lieu. En Son absence, la servitude domestique est documentée dans le fichier vie maritale, il y figure toutes les attentes de Maître (les spécifiques sont généralement communiquées la veille lors du dernier rapport).

Dans ces deux configurations, le carnet me suit dans toutes les pièces de Sa maison au fil de la journée. C’est ainsi qu’elle devient une succession de croix, de rayures parfois également (le correcteur est interdit), de dates tamponnées, de notes diverses si je remarque quelque chose – l’un des chats a vomi ce jour dans la cuisine (toujours répondre aux questions quoi, quand et).

Ce carnet n’a pas la fonction de boussole mais de collecteur de données, c’est le fichier vie maritale qui possèderait cette vertu s’il y en avait la nécessité, ce qui n’est pas le cas car j’ai intégré les routines domestiques au fil des années et les mains de Maître sont peu permissives avec la négligence. N/nous avons changé plusieurs fois d’habitation et elles s’en sont trouvées modifiées car elles sont très détaillées voire exhaustives, Maître souhaitant sentir Son contrôle même dans le service.

Le rapport est une procédure qui a lieu au minimum deux fois par jour. À horaire fixe le matin, plutôt dans une tranche horaire le soir car cela va dépendre de l’heure où Il rentre du travail. Elle a toujours lieu de manière automatique après la procédure d’accueil.

Posture d’attente, au sol. Il s’assoit sur Son fauteuil (bien qu’ils soient tous Ses fauteuils) près de la table basse où pend toujours cet anneau. Peut-être qu’Il n’aura pas encore bu le verre d’eau (ou autre chose qu’Il aura commandé). Le carnet est sur la table, à mon étage de la table car elle est à deux niveaux et ce que l’on pourrait considérer comme étant mes affaires ne dépassent jamais le premier. Je suis dans l’attente de pouvoir Lui adresser la parole (directe par une injonction, indirecte s’Il me l’adresse en premier).

Une fois Sa permission reçue, je me saisis des feuilles de calcul et Lui conte la journée à Son service comme Il l’attend au fil des croix, dates et observations. Il n’y a pas de coupure, pas d’hésitation. C’est lisse. Parce que les feuilles de calcul ont cette vocation à rester factuelles, elles me permettent de donner les informations plus clairement. Elles facilitent la procédure du rapport car elles ne possèdent pas une valeur décorative mais utilitaire.

Une fois le rapport terminé, Maître peut s’en saisir et procéder à l’examen, aboutissant régulièrement par une visite des pièces qu’Il souhaite inspecter. Ce n’est pas obligatoire (rien ne l’est de Son côté de N/notre configuration). Cela aboutit régulièrement sur des éloges, je Le remercie de la manière attendue, même s’il n’y a pas d’éloges ou qu’Il opte pour la violence. Une fois libérée de la procédure, je referme le carnet et reçois généralement l’ordre de m’affairer en cuisine. Je l’ouvrirai à nouveau car des préparations ont lieu tardivement, mais elles seront rendues lors du rapport du lendemain matin. Oserais-je dire que mes journées commencent la veille ?

À la fin du mois, je les jette – à l’exception des trimestrielles et annuelles. Des fois, je me prends d’empathie pour une accidentée et je la conserve avant de la perdre.

Publié par

Calliopée

Propriété appartenant à son Propriétaire pour l'éternité.

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