800 grammes

Il s’agit d’un brouillon de la mi-été dont Maître a ordonné l’édition afin que je puisse le publier ici.


Lors d’une période d’isolement et de jeûne d’écrans récente, Maître m’informe que je [Il] reçois encore des messages concernant Son nouvel ajout à ma parure – on me félicite, on complimente la beauté de ces deux anneaux dorés que je porte depuis un mois sur les bracelets verrouillés par Ses soins.

Peu questionnent leur utilité, j’en déduis alors qu’elle est évidente. Maître les a rejoints par une chaîne. Un peu plus de soixante centimètres, environ huit cents grammes quand il s’agit de la plus longue. Ils ne vivent ni le bruit qui ne me quitte plus, ni leur utilisation – et s’ils imaginent, ils se trompent.

Ils me félicitent.

Vivant en communauté à proximité d’enfants, les volets sont fermés depuis un bon moment maintenant. Les personnes ici ont pris minimum trois mois à savoir que j’existais – je ne savais pas que tu avais une femme.

S’ils savaient jusqu’où avoir une femme peut prendre de son sens ici.


Durant les fortes chaleurs, la plupart de mes sœurs asservies ont été ménagées. Sont apparues de par cette donnée certaines dissonances dans nos échanges peu avant mon isolement de tout rapport social hors Maître. Je ne regrette pas vraiment ce manque d’harmonie dans nos discussions, irrégulières sur ordre de Maître, car elles me permettent de garder l’esprit ouvert.

Ce n’est pas parce qu’ici Maître n’a pas considéré me ménager sous prétexte de chaleur qu’elles appartiennent moins ou que je n’aurai plus jamais rien en commun avec elles. Toutes les relations hiérarchiques ne requièrent pas forcément un grand axe de service, ni une richesse particulière de leurs protocoles – elles reposent encore moins sur une discipline domestique chrétienne.

Je Vous suis si reconnaissante, Maître, de m’en juger digne et capable.

Il s’avère qu’étant minimaliste en terme de relations sociales sur Son ordre, je me suis sentie relativement seule dans mon labeur face à ces nouvelles données. J’avais, visiblement, malheureusement et non intentionnellement, surestimé ce qu’il se passait ailleurs.

Maître m’a inculqué que je me sentirai toujours seule dans ma manière de Le servir et je Le remercie pour cette leçon. Car je serai toujours seule face à Ses exigences et elles paraitront toujours monstrueusement démesurées en comparaison de ceux qui en ont peu. Je ne peux décrire les couleurs de l’arc-en-ciel à un aveugle, tout comme j’aurais beau essayer d’oublier toutes les couleurs pour imaginer le ciel sans, le ciel ne me paraitrait qu’infiniment vide.


En période de canicule, les huit cents grammes ont commencé à peser – l’inconfort dans le sommeil couplé à celui du conscient dans l’éveil n’ont pas fait un délicieux mélange et m’ont rendue encline aux humeurs volatiles. J’ai dû puiser dans mes dernières ressources pour rester plaisante.

Si mon Amour pour Maître est une source infinie dans ma détermination à faire les choses, ma peur d’être battue aussi.

Lorsque j’ai cru en arriver au bout, Maître m’a totalement isolée en m’interdisant les derniers échanges sociaux qu’Il avait maintenus à intervalles réguliers.

Durant cette longue période de port de Ses chaînes, j’ai brisé l’intégralité des verres d’un service, effrayé les animaux, perdu l’équilibre, je me suis assommée en secouant les draps et ai abandonné progressivement les mouvements qui préservaient mon dos lors du service par fatigue et inattention.

Après plusieurs semaines, mes épaules ont commencé à se rapprocher et mon dos à s’enrouler vers l’avant. Pas que huit cents grammes soient très lourds dans l’absolu, mais que couplés à ma négligence au quotidien ils n’ont fait qu’accroître les complications.

Lorsque Maître a dévissé les chaînes, j’ai été envahie par une sensation de légèreté, de vitesse oubliée. Je suis toujours aussi surprise de la mesure à laquelle les choses deviennent si aisément des habitudes ici.

Maître entre dans ma tête si facilement pour y mettre ce qu’Il y souhaite – aucune lutte, consciente ou inconsciente n’est permise.


Mes poignets et chevilles demeurent vissés chaque soir et déliés chaque matin du pied de Son lit. La chaîne (la longue comme la plus courte) est portée uniquement en présence de Maître, régulièrement le soir selon Son envie.

Maître n’envisage plus un port permanent comme il a pu en être, ne souhaitant pas que je sois contrainte par des chaînes qui n’auraient qu’une valeur décorative de par leur légèreté, ni que le vaisseau qui Le sert s’abîme durablement.

Aujourd’hui lorsque je cuisinais, j’ai pesé ma main droite – elle pèse un peu moins de quatre cents grammes.

Publié par

esclave calliopée

Propriété appartenant au Maître Bap pour l'éternité.

6 réflexions au sujet de “800 grammes”

  1. Bonjour Calliopée,

    C’est un bien joli sourire que j ai trouve sur votre story insta, annonçant la publication de « 800 Grammes », je viens donc vous le dire ici. Votre sourire, précieux, est angélique, c est normal, nous savons pourquoi. Je ne vous avais pas vu sourire jusqu ici. Sachez que J’en suis très émue, de façon sincère et respectueuse envers votre Maitre et vous.

    L’été et ses suffocantes chaleurs est désormais derrière nous. Je n’ai, quant à moi, aucun doute sur ce que vous êtes capable d’accomplir, ni sur votre dignité majestueuse.
    Je vous souhaite à vous et votre Maitre une bonne soiree.
    A bientot
    C.

    Aimé par 1 personne

    1. Bonsoir C.,
      Merci infiniment pour vos mots (et votre passage ici). Ils ont été rangés dans la petite boîte virtuelle où seuls Maître et moi avons accès, j’irai les lire les jours plus gris et ils deviendront des jours gris clairs. Ils sont d’une grande douceur pour l’hiver qui arrive. 💌

      Je vous souhaite une très belle soirée ✨
      esclave calliopée, propriété de Maestro Bap.

      Aimé par 1 personne

  2. Bonjour à V/vous,

    Sachez Calliopée, que les personnes sensibles à la beauté de l’abandon de soi dans le cadre d’une relation d’échange total de pouvoir, vous félicitent car ils comprennent.
    Ils comprennent que c’est une lutte permanente envers soi-même, envers ses réflexions, opinions et doutes.
    Ils comprennent surtout que tout le monde n’en ai pas capable. Et pour celles et ceux qui s’en sentent capable, tous ne pourrons pas y arriver, voir même exploiter cette capacité. Car la Maîtrise doit également être à la hauteur…

    Et heureusement (ou malheureusement) je pense que vous serez toujours seule dans votre service, car chaque Maîtrise est unique.

    Belle soirée,
    Liebena.

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour Liebena,
      Je vous remercie grandement pour votre passage ici et vos mots, si justes… Ils apaisent mon monde cette après-midi. 💌

      Très belle après-midi à vous,
      esclave calliopée, propriété de Maestro Bap.

      J’aime

    2. Liebena,

      Vos mots apaisent encore une autre âme ce soir. Tout pour un autre que soi, c’est parfois tant de bonheur et souvent des obstacles. Les couteaux que l’on se pose soi même sous la gorge sont les plus aiguisés.

      Calliopée,
      Votre légèreté cache une force si grande. Vous n’êtes pas n’importe qui.
      J’espère que, maintenant, vous ne vous faites plus mal par inadvertance quand les chaînes sont portées.

      Aimé par 1 personne

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